dimanche 16 septembre 2012

Dolos 2012: jours 7-8 Pala di San Martino: Gran Pilastro


Depuis que nous sommes arrivés à San Martino, il semble inconcevable de quitter l'endroit sans avoir pu gravir le magnifique pilier de la Pala: les 600m du Pilastro rougissent chaque soir (enfin quand il n'y a pas d'orage) et assurent le spectacle depuis le camping à l'heure de l'apéro.

La météo qui, jusqu'à présent, était chaude et orageuse (à Grenoble, c'est la canicule) annonce un tournant, une première offensive automnale avec une courte perturbation et surtout un refroidissement qui va faire chuter l'iso 0 de 4300m à 2500m. Dès la soirée le temps est annoncé limpide. Les belles lumières seront au rendez-vous et le risque orageux sera écarté. Parfait pour être bien serein dans la voie!
Nous profitons donc de la journée perturbée pour monter au refuge Pedrotti.C'est pas trop violent: on prend la benne et à sa sortie on redescend 10 minutes à pied avant de se mettre au chaud dans ce qui est un véritable hôtel d'altitude. L'après midi se passe tranquillement entre sieste sous la couette (dans un dortoir de 6 ou nous ne sommes que deux...) et bouquinage féroce des "skialper" (magazines entièrement dévolu au ski-alpinisme dans lesquels on peut par exemple trouver 5 doubles pages comparatives entre la conversion italienne et la conversion Brosse-Gignoux (véridique!!), et des comptes rendu de chaque course de ski-alpinisme avec  plus de précision que l'Equipe n'en donnerait pour une grande étape pyrénéenne du Tour de France! Dément!)

Le soir, l'orage s'éloigne et l'on va faire un tour dans ce paysage lunaire qui a, parait-il, inspiré Dino Buzzati pour son "désert des tartares". On en prends plein les mirettes et on fait les cakes:





Du sommet de la Rosetta, on est aux premières loges pour mater à la fois  la Cima Val di Roda (à droite) et la Pala. Comme dit Karo, on s'est chié: après les 700m du premier, on aurait quand même pu enchainer avec les 600m du second!


Derniers feux sur la Cimon



 Il va être l'heure  de se préparer pour le lendemain et de rejoindre les couettes.

Le lendemain...

Le topo du site Quarto Grado indique de 7 à 9h pour 870m d'escalade (et 650 de D+). Bon il faudra aller un peu plus vite si on souhaite pouvoir chopper la dernière benne (16h50) et pas se farcir 1200m supplémentaires à pied. En fait on a tellement bien dormi au refuge qu'on se dit que si on loupe la benne, on y restera encore une nuit. Cela enlève toute pression niveau timing. On décolle donc du refuge à 7h30  pour une bonne heure d'approche globalement descendante:
2 petits degrés au petit matin, autant dire que l'on a toutes nos couches sur nous!

Une fois de plus, la difficulté (et le plaisir) ne seront pas tant dans la technicité de la voie (du IV+) que dans la recherche d'itinéraire et dans le bon compromis entre sécurité et rapidité
 Dans le socle, on rejoint en 2 longueurs le R4 du topo en attaquant plus directement. (c'est d'ailleurs ce qui est conseillé dans d'autres topos):

Cherchez Charlie:
  Une belle cheminée de 200m fait suite. 




Le Sass Maor et sa Face Est: pas de problème, ça doit baser!
Sortie des difficultés
Et hop, 4h40 après l'attaque on est au sommet. Escalade plaisante, bon rocher, pas de guenillage d'itinéraire: ca a bien déroulé!
En fait le plus inquiétant semble être cette descente. Cela parait anodin car le plateau n'est que 300m plus bas, mais en fait, il y a 5 gendarmes à contourner ou à grimper. Les marques rouges censées indiquer la descente, se font surtout remarquer par leur absence lorsque 2 options se présentent...
Après une progression assez... méticuleuse (et un rappel, qui doit pouvoir s'éviter en désescaladant du III+/IV impressionnant), on atteint le plateau.
Le sommet et les gendarmes que l'on devine plus ou moins.
Pas mécontents d'arriver à non port... Karo a trouvé la descente au final bien plus technique que la montée.

Au final, on aura bien de la marge pour la benne et on enchainera avec la route qui nous conduira à Misurina, au pied des célébrissimes Tre Cime... Mais ceci est une autre histoire

mardi 11 septembre 2012

Dolos 2012 - Jour 5: Sass d'Ortega

Vendredi 24 Aout: Epéron Ouest du Sass d'Ortiga






Après la traditionnelle journée "paire" de repos, direction le sud du massif des Pale pour l'ascension du Sass d'Ortiga.
Le rocher y est décrit comme exceptionnel: le plus beau du massif des Pale, massif où l'on trouve, avec la Marmolada, le plus beau rocher des Dolos, qui sont bien sûr, les plus belles montagnes du monde...Que de superlatifs!






Le Sass d'Ortiga et son évident Pilier Ouest vu depuis le Val Canali.
La course est annoncée comme une bonne bavante avec étape conseillée au refuge Treviso. Ce sommet peut pourtant s'approcher soit par le Val Canali (sa foule, son parking payant, son refuge) soit par le sud  par la petite route menant au lieu dit "Domadore".


On tente naturellement cette deuxième option. L'approche est bucolique et, pour une fois, pas trop minérale.
 Ca repose un peu le regard (et les pieds) de marcher dans l'herbe et non dans un monstro-pierrier qui fait passer celui au pied de l'Obiou pour un bac à sable ...
 Passé le col Muleghe , il faut traverser de manière plus vertigineuse la face Sud-Ouest  et on arrive au pied de la voie en moins de 2h ce qui achève de valider l'option "Domadore".
Au pied, une cordée italienne bien sympa, un père et son fils d'une quinzaine d'années, nous laisse passer devant, tout en nous nourrissant de M&M's. Comme dit Livanos, ce pays n'est pas celui des grincheux! 


On ne nous avez pas menti, le rocher est dément! Trop de prises et de lunules pour faire monter la cot' au dessus de IV+ malgré la verticalité globale du Pilier.






A un relais.
 Avoir confiance dans le rocher fait grimper vite, et nous avons bientôt perdu de vue nos sympathiques italiens

Une antécime est atteinte et il faut redescendre dans une brèche dans laquelle un énorme bloc coincé permet un facile franchissement.
Karo pas peu fière se sent un peu comme sur le Kjerag Bolten
Derrière elle se situe la longueur "clef": un léger devers suivi de la fissure bien visible. V+/VI- suivant les topos: on mettra donc les chaussons pour cette seule longueur (assez bien protégée)










Summit, c'est beau!
Une descente qui demande un petit peu d'attention (un peu de désescalade en II/III) et le col Mulleghe est vite retrouvé. Au final, une journée pas si longue (7h25 voit/voit) et une très belle voie à conseiller hautement.
Lendemain, journée paire, donc repos, et puis ensuite après la perturb, direction le Gran Pilastro. et là, tout à coup, c'est beau! (teasing remarquable!)

samedi 8 septembre 2012

Dolos 2012 - Jour 2-3 : Cimon della Pala

 

Mardi 21 Aout

Après une première journée de mise dans le bain pas bien reposante (cima Val di Roda via Langes: 10h30 voit/voit en guise de récup du voyage, on a déjà fait plus cool...), le lendemain, nous nous octroyons un long bouquinage contemplatif dans le Val Canali au pied de la face Est du Sass Maor
Cette face pésente, outre la "classique" diagonale ouverte par Solleder (700m/V+... en 1926!!), un grand nombre de voies de haut niveau qui dépasse les 1000m (ou pourra voir ici ou pour plus de détails)

A noter que le val Canali, est bien pris d'assaut par les touristes italiens. Du coup tous les parkings (ou presque) sont payants et il ne faut pas espérer y être bien seul une belle journée du mois d'Aout!




Mercredi 22 Aout

Depuis le Passo Rolle, la Cimon de la Pala 3184m prend les allures d'une pyramide bien élancée. Il n'en fallait pas plus pour qu'elle soit aussitôt surnommée avec originalité le "Cervin des Dolomites"(Le Cervin est l'égal de Venise dans l'esprit des unions de commerçants: il suffit qu'un sommet soit vaguement pointu ou qu'un patelin soit traversé par un canal saumâtre, pour qu'un plan marketing d'identification à l'illustre cousin éloigné soit lancé.)
Tout jeune, dans mes Vosges quasi-natales, j'avais d'ailleurs sacrifié  à cette mode en surnommant le Rotenbachkopf comme étant le "Cervin des Vosges". Le triptique suivant (Cervin-Cimon della Pala - Rottenbachkopf) achèvera de convaincre les sceptiques qu'il vaut mieux se garder de ce genre de jeu...
On notera tout de même que la Cimon della Pala est une rudement belle montagne qui ne ressemble essentiellement qu'à elle même (et encore pas tous les jours)

Bref, c'est sur ce sommet que nous jetons notre dévolu. Le plus simple est de remonter la Via Ferrata Bolver Lugli et de finir par la voie normale (PD indécotable). Ci dessous une photo du site http://quartogrado.com qui propose des centaines de topos très bien fait (Des versions papiers sont trouvables chez le VieuxCamp (et une bonne topo-cartothèque en pret chez les Borfins))


Attaque de la Via. Il vaut mieux être devant la première caravane pour pas être trop bouchonné. Sinon une belle option doit être de partir une belle après-midi d'automne pour profiter de la solitude et du soleil couchant (bivouac super propre de 9 personnes en haut de la Via)

Toute la Via peut se faire aisément sans l'utilisation du cable autre que pour la protection. Du III et qqs passages de IV/IV+

Au dessus de la Via Ferrata, commence la voie Normale de la Cimon. On doit passer notamment par le bus del Gat (le trou du chat) qui fait passer les chatières de l'Obiou pour le chourum Olympique!

Bref, c'est pas large et j'aime pas bien ça! Karo, elle, se régale dans ce qui lui rappelle ces premières amours spéléo

Au dessus, du plus classique, mais une escalade à ne pas sous estimer pour une course seulement "PD"!


Panorama Sommital. La Cimon della Pala, 3184m, n'est pas le point culminant du massif. La Cima della Vezzana, en face, remporte le titre pour 8 mètres

La descente se fait d'abord en désescalade et qqs rappels puis par un sentier bien minéral pour changer...


vendredi 7 septembre 2012

Dolos 2012 - Jour 1 : Cima val di Roda (700m, IV)

Notre dernier périple dolomitique remontait déjà à 2007, il était temps de remettre le couvert et de s'intéresser à un autre sous-massif. Celui des Pale di San Martino a tout pour plaire: rocher que l'on dit excellent, grandes voies pas trop dures et 438 jours de soleil par an (mais 537j de pluies orageuses, coulées de boues et autre cataclysme)

Vous êtes ici!


Parti le matin de Grenoble, l'arrivée au "camping" de San Martino di Castrozza est mitigée: les campings en Italie sont décidément très chers (compter plus de 30€ pour 2) et sont désormais de véritables villages où les bungalows ne laissent presque plus de places aux tentes.
Ca c'était le mauvais point qui correspond grosso-modo au bas de la photo ci contre (Karo exclue, bien sur). Par contre pour le haut de la photo, on peut pas dire que le spectacle soit dégueux!

Une jolie brochettes de sommets tous plus tentants les uns que les autres se font dorés la pilule au soleil couchant.



Galerie de portraits:


Gros plan sur le Sass Maor et la Cima della Madonna.
Le premier est surtout connu pour son versant Est, haut de 1100m et bien raide, tandis que la deuxième l'est pour son spigolo (le "velo della Madonna", alias le voile de la vierge et non pas le vélo de Diego) qui est parait-il la voie la plus parcourue des Dolos.
C'est le genre de vérification que nous n'avons pas voulu faire malgré l'excellence du rocher annoncée...





















La plus belle montagne depuis ce versant est sans conteste la Pala di San Martino qui dresse les 600m de son Gran Pilastro d'un seul jet. Mais... nous y reviendrons plus tard (comme le dit si bien Monsieur X pour les inconditionnels de France Inter)
Pour le lendemain nous choisissons la face Ouest de la Cima Val di Roda, un joli bout de face (700m) dans une difficulté aimable (IV)
Les subtils points bleus sont les relais que nous avons effectués, mais dans ce genre de face, où nous n'avons rencontrés que 3 pitons et un ficélou moisi, c'est un peu comme le suggère si justement le grand phénoménologue Tonton David:"cha
cun, sa route, chacun son chemin"

Andiamo!:

Forcement, le matin, une face Ouest est tout de suite moins flamboyante et plus austère...

Attaque pas bien dur dans du pas bien raide (que le surpenchage ne réussit même pas à magnifier). Bon par contre, faut un peu se réhabituer à errer dans une face aussi large que haute en  passant au plus facile tout en s'assurant un minimum dans du terrain pas franchement aseptisé. une mauvaise intuition et on peut vite se retrouver dans du V+ en rocher moyen (et comme en plus, pour le bonheur de nos petits pieds, nous sommes en baskets FiveTen, on peut vite perdre du temps...)

A mi parcours, cela se redresse et il faut effectuer une belle et grande diagonale

Les bonnes traversées comme Karo les aime

Très belles longueurs (qui, grâce à la rigueur intellectuelle de Karo, sont plutôt sous-penchés)

Le vide se creuse doucettement et le soleil ne va plus tarder à nous lécher...

La dernière "difficulté" décrite dans le topo est "une cheminée verticale en IV". Le problème c'est que vu du bas, il y a bien 4 ou 5 dièdres qui peuvent plus ou moins prétendre au titre de cheminée, et que visiblement celle que j'ai choisie, n'était pas l'option la plus cool: rocher moyen et feuillet bien déversant auquel il a bien fallu confier tout son poids...

Plateau sommital après 5h40 dans la voie: la Sass Maor (et Karo)  font leurs fiers!

Du sommet vue sur le Gran Pilastro della Pala di San Martino (à l'ombre) où nous iront qqs jours plus tard. On notera le bivouac sur le plateau sommitale de la Pala... Ca doit swinguer sous l'orage!


Pilastres, piliers, pierriers à pertes de vue

Descente par une via Ferrata. Karo en profite pour parfaire sa technique de planche à voile


La descente, toujours pas très roulante


Argg ce Gran Pilastro! Un si bel élan architectural pour une si faible cotation (IV !)

Plus bas le sentier devient pour le coup super roulant! En fait il est tellement plat que ça dénivelle que dalle. Par contre en VTT, il doit y avoir de quoi se marrer dans la centaine d'épingle.
(photo prise depuis le Gran Pilastro qqs jours plus tard)

Voilà l'outil qui leur permet de faire leur sentier nimp!

La descente commence à être longuette et Karo ne prends plus guère le temps de se retourner pour mater la face le matin gravie